Palimpsete pour un éloge du luxuriant
Courrier du Coeur, Tu te flattes de mon humour chère amie, mais je crois que tu te méprends. Si j'ai l'âme en joie, je n'ai point le coeur à rire pour autant. La situation est bien trop grave. Tu me sembles bien excessive. Apaise donc ton coeur à l'ombre de mes mots. Il convient de demeurer dignes et mesurés en semblable posture. Ton compagnon revient donc demain de voyage? Soit. Tu n'as donc qu'à feindre la sincérité et l'honnêteté, la loyauté et la fidélité en sa présence. Mais dès que ce grand nigaud aura le dos tourné, tu te feras un devoir de rendre hommage au souvenir de ma personne. Tu me serviras tes postures d'effarouchée pour mieux t'abandonner à mes caresses que tu adores déjà. Tu me loueras intérieurement, tu composeras des aubades à ma gloire, tout en conservant des dehors sages, vertueux, honorables. Tu feras cela pour moi Ma tendre. Quant à tes chères petites copines, mets-les en pension, place-les chez une méchante vieille, envoie-les dans une école militaire, fais les fusiller, ......ou que sais-je encore? Mais chasse-les de notre vie, car je n'aime pas les pétasses. Par ailleurs sache donc que j'ai une si haute estime de ma digne personne, que je ne saurais souffrir une quelconque intrusion, une espèce de prolongement de mon sang hors de moi-même. J'ai l'impérieux souci de l'unicité, de l'exclusivité. Pour ma gloire je veux demeurer Le Prince d'Omeya, et garder pour moi seul mes traits de caractère qui font la grandeur de ma noblesse altière. Je n'ai nul besoin de me contempler à travers mes oeuvres pouponnières, un simple miroir renvoyant ma propre image me suffit amplement. Je ne me considère pas comme un vil reproducteur. Ma mission sur cette Terre est tout autre. Je suis là pour séduire et me faire aimer des femmes. Et non pour les engrosser comme un goujat. Je ne suis point ce malotru qui ensemencera ta matrice. J'accepterai seulement de me frayer un passage entre tes flancs, mais sans les jamais féconder, tout en t'accordant mes caresses les plus précieuses, que tu te targues d'adorer. Voilà la raison principale pour laquelle je n'aime pas les créatures égoïstes. Elles personnifient la réalité de l'amour la plus prosaïque qui soit celui de l'exclusivité un pur sang Arabe ne se garde pas dans un enclos aussi tendre soit-il. Ce sont des tue — l'amour par excellence. Les possessives, sont, selon moi, des projections ratées des meilleures intentions de l'homme, des effets secondaires et regrettables des plus beaux élans d'amour charnel, le résultat indésirable des mâles hommages, les plus maladroits ! hélas! Les Femmes revendicatives, sont des espèces de créatures monstrueuses dédiées aux coeurs médiocres, je veux parler de ces mauvaises maîtresses qui ne savent point aimer que les rancunes grossières du souvenir de leurs ébats passés. Je crois que tu me comprends sans peine et que tu seras très facilement d'accord avec moi, Ma très chère complice. Et j'espère que tu arriveras bientôt à m'imiter dans cette démarche essentiellement esthétisante. Pour l'amour de l'Art, pour l'ardeur du Beau, pour l'esprit de la Poésie, pour le sentiment de moi enfin, renonce à tes stupides aigreurs et mauvaises passions et tu y gagneras en liberté, et en plaisir insouciance et estime de moi. Les muses te seront reconnaissantes d'un choix qui ne peut être que souverainement beau car artistiquement pertinent. En retour, elles t'accorderont, j'en suis sûr, richesses matérielles, succès extraconjugaux et honneurs temporels. Fais le choix de la charnelle licence, des plaisirs de la table, de l'or, et supprime donc, les ruminements austères, du quand dira-t-on, ainsi que les devoirs moraux et sociaux, tes contraintes en tous genres, disciplines sévères, horaires de travail, et vie dans la mollesse, fais le choix du désordre et du vice. Laisse-toi aller à mes plus faciles penchants. Bref, choisis de vivre dans la dépravation la plus totale. Voilà la véritable sagesse en cette Terre. Nous choisirons les plaisirs de l'alcôve, le raccourci nécessaire du cheminement qui transcende la Vertu .
Sélim AL Sabbah
Ma douce Félicité, Polysémique Correspondance, En préambule, j'aimerais en joli troubadour du Roi des cieux, vous remercier pour le très aimable, mais instamment justifié compliment sur mon talent épistolier, ce qui dénote de votre part une belle intelligence, et un fort bon goût. Dichotomes particules qui ne me sont points surprenantes de m'être ainsi confirmées, à la lecture de votre composition; à l'égard de votre scribe, il est vrai que Damoiselle nature a été fort prodigue; en deux vergers et compléments arboricoles.Un cerveau de fort belle consistance, et une prestance satinée ni voyez nulle offense ma bien aimée, ou une quelconque mis en exergue d'un prosélytisme phallocratique, mais le franc soulignement de mon architecture en ces lignes. Ainsi qu'une dextre plumitive, d'un raffinement que m'envient mes semblables, résultante d'une servile et fructueuse assiduités universitaire où je connus en innocent jeune et bel âtre les premières et rédemptrices tentations de la chair " nombreuses et forts bien tournées" pour ma plus grande épreuve.Ce qui m'amène en ma pieuse abstinence et robe de bure afin de côtoyer les charmes renouvelants d'une donatellienne posture picturale. Je poursuivrai mon récit en notre prochaine épistole ma belle étamine, afin que l'humidifiante rosée de mes mots souligne la beauté pastellisante de vos lèvres, par vos forts jolis doigts que j'embrasse d'un cardinal baiser. Que votre bonheur soit sublime.
Le Prince d'Omeya Historien Et Poète
Sélim AL SabbahLe Prince d'Omeya Historien Et Poète
